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L’urgence de vivre
C’était une question de temps. Alors que les baby-boomers, encore et toujours face au miroir, constatent l’étendue de leur calvitie, la génération Y prend de l’importance. Dans quelques temps, la Gen Y dépassera même les enfants de l’après-guerre, en termes de population totale, aux États-Unis et en Europe.
Pour cerner un peu les changements qui se profilent, il suffit de savoir que d’ici 2030, les millennials auront entre les mains 5 fois plus de richesses qu’aujourd’hui. En effet, un grand transfert de fonds intergénérationnel se prépare : 62 trillions d’euros vont bientôt passer des comptes des boomers aux poches des millennials.
Alors, comment les millennials vont-ils façonner le monde… s’ils le façonnent à leur image ?
Leur image, voilà d’ailleurs un sujet qui passionne cette génération élevée au digital. Ce n’est pas compliqué, là où les générations précédentes étaient dans une conquête du monde, ils sont quant à eux dans une quête du soi. Certains parlent d’égocentrisme, d’autres de retour à l’essentiel.
Quand on voit l’importance des groupes sociaux dans leurs vies, on aurait plus tendance à pencher pour une évolution des priorités.
Au centre : la personne, singulière.
Autour : les groupes (particulièrement éclectiques), vecteurs de sentiment d’appartenance et d’une relative complétude.
Et le cercle ultime, celui des valeurs, qui enveloppe (et protège) tout ce beau monde.
Ce sont les valeurs des millennials qui font leur véritable particularité, qui forgent chacun de leurs actes (sans trop les idéaliser non plus, hein).
Ils osent, tout simplement. Ils osent remettre en question l’idéal de la cellule familiale, le rapport à la sexualité, la place des engagements dans la société, le rôle des marques… au final, c’est ce qu’on appelle le progressisme. Et des progressistes, il y en a toujours eu. C’est juste que ces progressistes-là passent 2h30 par jour à regarder des vidéos, soit une heure de moins que la génération Z. Just sayin’.
On entend partout que pour les millennials, la créativité, l’authenticité et la transparence sont des valeurs essentielles. Oui, elles le sont sûrement, mais pas en tant que cheval de bataille. Ils ont dépassé ce stade depuis longtemps, pour avoir déjà intégré ces qualités à leur quotidien, à leur manière.
Parce qu’au final, comme toutes les générations qui ont émergé depuis la nuit des temps, ils doivent composer avec un monde existant. Personne ne vit à côté de la société.
Surtout pas eux, qui ont bien conscience des difficultés du monde et de ce qui leur pend au nez. Inutile de faire la liste de tout ce qui leur passe l’envie d’avoir des enfants, parce qu’on en a, nous, des enfants.
Si on arrêtait de les regarder comme des êtres spéciaux venus d’un autre monde, on pourrait même penser que ce mouvement qui bouscule la société est le même qu’on a toujours connu. Les baby boomers ont fait mai 68, la génération X a fait Occupy Wall Street, et les millennials font ce qu’ils font. Tic tac tic tac…